Un phénomène complètement stupéfiant serait sur le point de remettre en question la suprématie chinoise. En effet, l’économie chinoise qui subit en ce moment de sérieux revers et serait même sur le point de s’effondrer. L’élément déclencheur a été le marché immobilier chinois qui est basé sur une gigantesque pyramide de ponzi de 9,2 mille milliards de dollars. Je savais que ce secteur était en difficulté mais je ne pensais pas que la situation évoluerai de façon aussi dramatique et qu’elle se dégraderait aussi rapidement. Dans cette chronique je vais vous parler de ce sujet et vous expliquer pourquoi cela fait peser une épée de Damoclès sur le monde entier. Cette crise qui va inévitablement à plus ou moins brève échéance se propager à l’ensemble des économies de la planète aura un impact majeur sur notre vie quotidienne, nos finances et l’accélération de l’inflation que nous subissement actuellement.

Pour bien appréhender ce phénomène faisons un petit retour en arrière historique. Durant les dernières années des migrations massives ont eu lieu depuis les campagnes vers les grandes Villes tout simplement parce que les opportunités en matière d’emplois et les perspectives d’enrichissement y étaient beaucoup plus nombreuses. De ce fait cela a généré une énorme pression à la hausse sur la demande de biens immobiliers. Cette demande a encore été accrue car un grand nombre de Chinois suite à l’euphorie qui régnait au niveau économique en Chine ont décidé d’acheter non seulement pour se loger mais aussi pour investir et spéculer. Ce phénomène est devenu tellement populaire qu’il s’est presque transformé en ruée vers l’Or. Nombre de Chinois estimaient alors qu’ils étaient en mesure de s’enrichir facilement et rapidement. Ce sentiment leur donnait un fort sentiment de sécurité qui en réalité était illusoire. A l’apogée du marché immobilier chinois, les promoteurs immobiliers bâtissaient 50 fois plus de nouveaux logements que les Etats-Unis et l’Europe réunis. Ce chiffre est absolument colossal. Certains Chinois laissaient même leur logement vacant soit dans la perspective de l’habiter eux même plus tard soit dans l’espoir de le revendre plus cher en encaissant une très forte plus-value au passage. Ils anticipaient une forte hausse des prix. Cela a engendré une bulle immobilière absolument gigantesque. Ces achats étaient financés principalement grâce à des prêt immobilier que les banques accordaient avec beaucoup de facilité. Les préventes, c’est-à-dire le fait d’acheter un bien avant même que sa construction n’ait débuté, se sont multipliées. La qualité des constructions a alors commencé à diminuer car les constructeurs n’arrivaient plus à faire face à l’ampleur de la demande. En moyenne les acheteurs Chinois étaient prêts à débourser 23 fois le montant de leur salaire mensuel pour acheter un bien immobilier. Mais le problème majeur réside dans le fait que pour construire les projets qu’elles devaient livrer elles multipliaient les préventes. Au fil du temps de plus en plus de constructeurs immobiliers se sont retrouvées dans l’incapacité de bâtir certains immeubles par manque d’argent. De plus en plus d’acheteur se sont alors mis à cesser de payer les mensualités de leur crédit pour un bien qui ne verrait manifestement pas le jour. Cela représente en 2022, 320 projets dans 100 villes. Cela entraine des manifestations monstres dans les rues constituées de propriétaires qui ont été floués par des promoteurs peu scrupuleux. Imaginez le désarroi total de ces Chinois qui ont contracté des prêts sur 10, 20 ou même 30 ans pour des biens immobiliers qui ne verront jamais le jour pour la plupart. Certaines constructions ont commencé mais ont été stoppées net. Le groupe Evergrande qui est le plus gros promoteur immobilier du pays est endetté à hauteur de plus de 260 milliards d’euros en 2022. Il se donnait pour ambition de devenir d’ici 3 à 5 ans le groupe le plus puissant au monde d’ici 3 à 5 ans. Autant dire que ses ambitions hégémoniques ont été fortement contrariées suite à la crise actuelle. Au moment où j’écris ces lignes en septembre 2022, Evergrande vient de sortir de ses chaines de production sa première automobile électrique. En effet il essaye désespérément de se relancer via sa filiale spécialisée dans les véhicules électriques. Evergrande inquiète les marchés depuis plusieurs mois, il lui sera difficile d’échapper à la faillite.

Je présume que vous commencez à mieux comprendre la situation dans laquelle se trouve la Chine actuellement. Des facteurs aggravants font que la Chine ne se porte pas bien du tout actuellement sur le plan économique. Et un effondrement de la Chine est susceptible d’avoir très rapidement un impact majeur sur notre propre situation en Europe. Ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle. Les Américains seront eux aussi durement frappés. La Chine est la deuxième puissance économique mondiale après les Etats-Unis mais surtout un des premiers fabricant et exportateur de bien manufacturés. Le réveil de la Chine a débuté en 1979 après un accord diplomatique avec les Etats-Unis qui lui ont permis de s’ouvrir au monde et de devenir en seulement 20 ans un des plus gros acteurs économiques mondial. Cela a généré des investissements massifs provenant des quatre coins du monde. Quasiment toutes les grandes entreprises mondiales ont investi en Chine dans l’espoir de profiter du miracle chinois. Cela a accélérer le développement des infrastructure et l’émergence d’une classe moyenne à hauts revenus. En 20 ans la taille de l’économie chinoise a été multipliée par 11 ce qui est absolument prodigieux. Ces résultats leur ont permis de dévaluer leur monnaie de 40% afin d’accroitre l’attractivité de leurs produits. Parallèlement ils sont montés en gamme et se sont hissés aux premières places mondiales dans les domaines de la recherche et de la technologie. Les économies modernes sont fortement interconnectées les unes avec les autres. Déjà avant cette crise immobilière la Chine subissait déjà des difficultés suite à la politique du zéro covid qui a déstabilisé totalement l’outil industriel. Le régime a fait preuve ces dernières années de beaucoup de brutalité et d’autoritarisme. L’attractivité des investisseurs étrangers pour la Chine commence à s’effriter et beaucoup d’entreprises décident de délocaliser leur production dans des pays comme l’Inde. La croissance économique avait déjà beaucoup baissé. Pour faire face à ces difficultés, les autorités du pays ont injecté 59 milliards de dollars afin d’enrayer cette chute. Malheureusement dans un climat de peur et d’incertitude vis-à-vis des marchés Chinois, cette stratégie peine à donner des résultats. Au contraire cela va avoir pour conséquences de susciter encore un peu plus d’inquiétude et de défiance vis-à-vis des autorités étatiques chinoises. Un cercle vicieux se met peu à peu en place. Après cette injection massive de liquidité la situation économique ne s’est pas améliorée, bien au contraire. Les Etats-Unis se rendant compte de la situation qui prévaut actuellement en Chine ont commencé à vouloir auditer les multinationales chinoises. Afin de déterminer jusqu’à quel niveau elles étaient endettées. Il se sont heurtés à un refus catégorique des autorités chinoises.

L’Inde 75 ans après s’être affranchie de la colonisation britannique aux prix d’une sanglante partition avec le Pakistan, affiche une croissance insolente en 2022. Elle a dû se relever durant près d’un demi-siècle afin d’essayer de former une démocratie égalitaire. Et si l’Inde parvenait à se hisser au niveau de la plus grande puissance économique du futur ? Elle est actuellement en pleine ébullition économique, soutenue par le secteur des technologies. Le fait que les patrons de Google, Microsoft, Adobe, IBM soient d’origine indienne représente un symbole fort. Néanmoins l’Inde souffre encore de graves carences : les inégalités sociales qui se sont encore aggravées suite à la crise sanitaire de la covis 19, un chômage de masse qui continue d’atteindre un niveau endémique, un outil industriel qui reste fragile. Ce géant d’Asie du Sud est encore à la recherche de son modèle de développement. Aujourd’hui l’Inde surprend par sa capacité de créer, d’innover grâce à des avancées particulièrement rapides qui la dotent d’une croissance phénoménale. Mais elle reste également versatile. Ce pays qui est aussi un véritable continent semble résister à merveille à la crise économique et sociale provoquée depuis 2020 par la covid-19. Elle a pourtant payé un lourd tribut suite à ce fléau. Le FMI estime que le PIB de l’Inde atteint 11,5 % pour l’année fiscale 2021-2022 et peut-être même davantage selon l’OCDE. Ce qui place l’Inde à la première place mondiale en matière de croissance économique. L’Inde défie les prédictions notamment grâce à l’accroissement exponentiel de son marché intérieur de consommation. Sa classe moyenne augmente rapidement, énormément de femmes sont actives, ses villes bénéficient d’une forte croissance, elle bénéficie d’une pyramide des âges à son avantage (72 % de sa population a moins de 30 ans), elle bénéficie d’infrastructures haut débit particulièrement performantes. En Inde le commerce en ligne progresse de façon vertigineuse, de nombreux investisseurs étrangers placent leur argent dans ce secteur. Pour soutenir son économie et sa population le Premier ministre Narendra Modi a mis en œuvre avec l’aide de son gouvernement plusieurs mesures majeures : instauration d’un système de protection sociale pour soutenir les populations les plus précaires, des aides pour soutenir les PME, des investissements massifs dans les infrastructures, des politiques privilégiant les productions locales ainsi que la résilience et l’autosuffisance industrielles. L’Inde s’efforce de réduire sa dépendance face à la Chine ce qui est susceptible d’offrir des opportunités aux entreprises françaises.

Pour encore mieux appréhender la situation actuelle de la Chine, remontons au crack qui est survenu en Europe en 1848. Il a par ailleurs mené à l’indépendance de beaucoup de pays et a eu un impact décisif dans l’émergence de l’identité nationale de beaucoup de nations européennes. A l’instar de la France, de l’Allemagne, la Belgique ou encore la Suède. Les événements de 1848 se traduisent par la conquête du pouvoir par Napoléon III, rapidement il transforme le régime républicain en une dictature. A cette époque tout le monde tablait sur le fait que les compagnies de chemin de fer qui avaient le vent en poupe, allaient être en mesure de verser durablement des rendements annuels de 30 à 40 %. Ces faits sont d’ailleurs relatés dans les romans publiés à ce moment-là. Les rendements des compagnies de chemin de fer étaient bons mais pas au point d’assurer durablement une telle rémunération de façon durable. Cette fièvre ferroviaire a abouti à un effondrement total des sociétés et des banques qui avaient investis dans le secteur des chemins de fer. En Europe la crise a été atténuée grâce à la ruée vers l’Or en Californie qui avait soutenu durant quelques années l’économie mondial. Cette ruée vers l’or a par ailleurs ruiné la Californie mais c’est une autre histoire. Dans son roman publié en 1925, Blaise Cendrars relate merveilleusement comment la découverte d’or en Californie a paradoxalement totalement ruiné le milliardaire Suisse Johann August Suter. Des individus affluent alors de toute part à la recherche du précieux métal. Suter a accumulé une véritable fortune au fil des années, sur ses terres a été dégottée la première pépite d’Or en Californie le 24 janvier 1848. Cette découverte coïncide avec l’invention de la photographie, ce qui a permis d’immortalise cette course folle des débuts de la ruée vers l’Or.  Mais cette arrivée massive d’or sur les marchés internationaux a permis à l’économie de se redresser rapidement et de ce fait l’impact de la crise de 1848 a été atténué. Mais à cette époque une telle crise aboutissait à des révoltes et à la construction de barricades. C’est exactement ce que redoute la Chine actuellement. En remplaçant les chemins de fer par l’immobilier vous pouvez transposer à la Chine d’aujourd’hui les événements de 1848. Dans les premiers temps du miracle économique Chinois, au minimum 30 % de la croissance économique est induite par l’immobilier. Et même beaucoup plus si l’on considère les activités industrielles afférentes comme le béton. Pour en fabriquer, il faut avoir recours à l’utilisation de sable, cette matière première est la deuxième ressource la plus stressée au monde après l’eau potable. Le pétrole quant à lui arrive en troisième position. En effet on a encore énormément de difficulté à faire du béton en utilisant du sable du désert. Et la part de cette ressource utilisable facilement et sans que son coût de revient ne soit prohibitif commence à s’épuiser.

Lorsqu’une économie est tributaire d’une croissance atteignant des taux intenables sur le long terme, le moindre grain de sable peut enrayer la machine. Bien sûr les autorités étatiques s’efforcent de trouver des solutions mais lorsque cette croissance n’est pas basée sur des fondamentaux solides la fragilité et le manque de résilience d’un tel système commence à poser d’énormes problèmes. L’Inde même si elle n’atteignait pas des niveaux de performances comparable à la Chine, a une culture politique et économique qui lui permet de mettre en œuvre une grande capacité de résilience lorsque des nuages se profilent à l’horizon. Et comme ils ont malgré tout des taux de croissance qui feraient saliver les nations européennes, ils sont particulièrement bien positionnés sur l’échiquier mondial. Ils sont même en mesure de devenir la nation dominante dans 10, 20 ou 30 ans. Le contrat social en Chine repose sur un principe simple : le régime vous assure 5 % de croissance annuelle mais en échange vous acceptez que vos libertés et la démocratie soient limités. Les Chinois sont très attachés à la culture de leurs ancêtres basée sur le confucianisme. Les classes moyennes cultivent le culte des ancêtres. Il est basé sur un accord tacite, les ancêtres doivent être respectés et en échange ils doivent assurer à leur descendance un avenir matériel supérieur au leur, faire en sorte que leurs enfants réussissent mieux qu’eux. Ce contrat social a très bien fonctionné durant les 40 dernières années. Ainsi les réformes économiques de Deng Xiaoping (1904 – 1997) ont été très bien accepté. Il a réussi avec succès à créer une sorte d’hybridation entre le communisme et le capitalisme. Il a été ouvrier-étudiant en France dans les années 1920. Après un détour par Moscou, il rentre en Chine en 1926. En mai et juin 1989 il réprime dans un bain de sang les troubles sociaux qui dénoncent une absence totale de liberté en Chine. Cela ne l’empêche pas pour autant, à partir de 1992, d’ouvrir son pays à la dynamique du capitalisme. Ensuite il se retire progressivement du monde politique. Grâce à cette stratégie la Chine a été en mesure de connaître une croissance économique insolente durant plusieurs dizaines d’années. Cela a permis à énormément de Chinois de sortir de la pauvreté.  

Depuis que Xi Jinping s’est emparé du pouvoir en 2012, la corruption a augmenté tandis que les inégalités ne se sont pas atténuées bien au contraire. Les prévisions de croissance économique pour 2022 atteignent seulement 3,3 % ce qui est un taux ridiculement bas. La menace principale à laquelle doit faire face le pouvoir étatique chinois vient du peuple qui pourrait bien se révolter et faire vaciller le régime en place. La Chine essaye de détourner l’attention des problèmes économiques en tentant de prendre Taïwan par la force. Mais elle agira avec prudence, elle observe la déroute actuelle de l’armée russe qui pourrait bien aboutir à un affaiblissement durable de la Russie. Et plus la situation évoluera en faveur de l’Ukraine, plus la paix dans le Détroit de Taïwan sera probable.